Au cours des deux guerres mondiales, les jardins potagers ont joué un rôle nourricier primordial, en renforçant le moral des familles et préservant les pays européens des ravages de pénuries alimentaires. Le jardin moderne conserve le même rôle, celui de nourrir.
Plusieurs préoccupations contemporaines : chômage, crise économique et changements climatiques, ont faire renaître les jardins familiaux, jardins d’insertion et jardins partagés. Voici un aperçu de la transformation du rôle du jardin au cours des deux guerres mondiales.
Une solution pour contrer la crise alimentaire
Au début de la Première Guerre mondiale, les pénuries alimentaires et difficultés d’approvisionnement sont devenues des préoccupations majeures en Europe. Face à une situation inédite, il fallait trouver des solutions de substance alimentaire, alors qu’une crise alimentaire sans précédent a éclaté en Europe en 1914.
La quasi-totalité des denrées alimentaires étaient dédiées aux soldats. Étant donné qu’une majeure partie des travailleurs agricoles ont été mobilisés dans les champs de bataille, les rendements agricoles ont drastiquement chuté. Par ailleurs, les territoires de l’Est et du Nord, qui fournissaient en plusieurs denrées se sont retrouvés sous occupation. À cela s’est ajouté une pénurie d’engrais. Avec la loi sur l’état de siège et l’essence réservée aux militaires et autorités civiles, le transport des denrées vers Paris s’est rarifié.
Le rôle nourricier du potager
En ces temps de pénurie alimentaire, les citadins se sont tournés vers le jardin potager. Le ministère de l’Agriculture de la République française a lancé en 1916 un programme étendu visant la création de jardins potagers. Dans cet effort national, le rôle nourricier du potager a été soutenu par la distribution d’outils de jardinage et de semences.
Grâce à ces initiatives, entre 1912 et 1920, le nombre de potagers a doublé. Les centres-villes de cités européennes telles que Paris, Londres, et la plupart des capitales du continent se sont transformées en fermes urbaines.
Les parcs urbains et les abords de fortifications sont utilisés comme parcelles de culture. Les pelouses ont été utilisées comme pâturages pour les troupeaux. Dans la ville de Paris en 1917, trois milles jardins potagers ont été dénombrés. Les paysages urbains sont ainsi devenus méconnaissables.
Les femmes et les enfants ont pris le relais
Les champs ont été cultivés par les femmes et les enfants, puisque la plupart des travailleurs agricoles étaient partis au combat. Des chevaux ont été perquisitionnés pour labourer les parcelles.
L’âge d’or des fermes urbaines a atteint son apogée vers 1930, où le rôle nourricier a permis aux chômeurs de répondre aux besoins alimentaires de leurs familles et d’être autosuffisants. Ce rôle alimentaire s’est intensifié, pour atteindre un nombre record de « jardins ouvriers » vers 1945. Il y a eu environ 600 000 jardins urbains dénombrés cette année-là.
Puis, en 1952, ils ont été rebaptisés « jardins familiaux », afin de se défaire de la connotation de pénurie et pauvreté. Ils ont décliné drastiquement en nombre entre 1945 et 1973. Avec le développement des supermarchés, ces parcelles de terrain ont servi à la construction d’écoles, de stationnements et de HLM.
L’utilité des jardins familiaux
Avec la création du premier ministère de l’Écologie en 1971 et l’émergence des préoccupations écologiques, l’utilité des jardins familiaux a repris tout son sens. Inspirés par une vague de community gardens américains, ces espaces ont réémergé au cours des années 90 sous la forme de jardins partagés.
Ils connaissent depuis quelques années un essor sans précédent. Ils seront sans doute appelés à gagner de plus en plus en importance, étant donné l’intensification du réchauffement climatique.