Parmi les jardins du vieux continent, le jardin à la française est un modèle de rigueur, tant sur le plan esthétique que symétrique. Ordinairement, il est partie intégrante des châteaux de France, dont il constitue un patrimoine ornemental non négligeable ! Je vous emmène sur un tour d’horizon du jardin français, de ses origines à son évolution à travers les âges.
Une certaine raideur dans le modèle du jardin symétrique
Notre jardin à la française, au commencement, s’inspire directement du jardin à l’italienne. Ce dernier, né dans la région de Florence au moment où la Renaissance faisait son apparition en Italie, manifestait déjà des caractéristiques qui influenceront plus tard les jardins de France de la période classique.
L’austérité des pelouses tirées au cordeau, jusqu’à former des carrés ou des rectangles parfaits, est un héritage direct de nos voisins Italiens. Cette forme de relative sévérité est l’exact opposé des jardins anglais et japonais, où la notion de symétrie est niée. Progressivement, le jardin français se détache de la Renaissance italienne pour affirmer son caractère propre, et se construit autour d’un axe central sur lequel je reviendrai plus loin.
L’omniprésence des parterres de fleurs
Dans le jardin classique, les parterres de fleurs (ou autres plantes de faible hauteur) sont ordonnancés selon un tracé absolument symétrique, proportionné aux dimensions de la demeure : château, maison bourgeoise, etc. Entre eux, circulent des allées de gravier évoluant via des perspectives généralement transversales ou en étoiles, convergeant vers le fameux axe central que j’ai mentionné plus haut.
Véritables ouvrages de broderie végétale, les buis forment un chemin savamment sculpté en forme de banquettes, de bordures ou de rideaux de verdure, et sont à eux seuls comme un écrin courant tout autour de la structure du jardin.
Les bassins de jardin
J’en arrive à ce qui vous intéresse : le bassin de jardin circulaire, appelé aussi miroir d’eau, constitue le cœur du jardin à la française, autour duquel gravitent les allées et les grandes étendues engazonnées.
C’est le point d’eau principal, mais on y trouve parfois des fontaines ou bassins de dimensions plus modestes, cachés dans des chambres de verdure offrant davantage d’intimité que l’essentiel du jardin exposé à tous les yeux. Les exemples les plus connus de ce patrimoine d’extérieur sont situés aux abords des différents châteaux de :
- Chantilly
- Versailles
- Vaux-le-Vicomte
Je vous cite également le jardin du château de Pizay, abritant aujourd’hui un hôtel de luxe en plein milieu du vignoble du Beaujolais. Bijou d’art topiaire, il fut dessiné (comme les trois jardins susmentionnés) par André Le Nôtre, jardinier du roi Louis XIV.
Présence des statues antiques
Clin d’œil aux origines florentines, les statues inspirées de l’Antiquité gréco-romaine voisinent fréquemment avec les fontaines dans les jardins français ! Semi-dissimulées derrière leur rideau végétal, elles sont comme une source de quiétude où il fait bon rêver à l’abri des regards.
Le couronnement des arbres ornementaux
L’art topiaire cité ci-dessus, consiste à tailler et sculpter des buis ou des conifères jusqu’à leur donner une forme géométrique des plus complexes. En relief par rapport au reste du terrain, les topiaires semblent des pions démesurés sur un échiquier géant !
La Seconde Guerre mondiale ayant sonné le glas de tels jardins luxueux, il faudra attendre une seconde naissance du jardin classique : tout en conservant ses traits originaux, il s’est aujourd’hui agrémenté de motifs allégoriques et s’adapte à bon nombre d’espaces. Dessiné par le décorateur Jacques Garcia né en septembre 1947, le jardin du château du Champ-de-Bataille est l’une de ces remarquables réalisations contemporaines.